Mercredi 20 mai, le professeur Arnaud Héquette, professeur de géomorphologie à l’ULCO et chercheur au Laboratoire d’Océanologie et de Géosciences, a réalisé une présentation sur l’évolution récente de la frange littorale du Nord Pas-de-Calais et ses implications dans la gestion du trait de côte.
Ci-après l’ensemble des points abordés lors de la présentation :
Risques, érosion et origine des sables
- L’étude de l’évolution récente du littoral est un besoin pour mieux comprendre son fonctionnement et par conséquent appréhender son aménagement ;
- Le littoral de la Côte d’Opale est fortement anthropisé (Ports, perré, digues etc.)
- Les problématiques abordées sont:
- Quels sont les risques littoraux dans le NPDC ?
- Y-a-t-il une augmentation des phénomènes d’érosion et de submersion le long des côtes ?
- Y-a-t-il une baisse du volume des plages ?
- L’origine des sables du littoral est ensuite abordé. Peu de matériaux proviennent des fleuves actuels. Le sable est d’origine plus ancienne (20 000 ans). Il est ensuite remontée au cours de la transgression marine à travers la Manche et la Mer du Nord.
Dynamique du littoral : Facteurs et variations entre sites
Exemples de la Côte d’Opale et leurs impacts sur l’évolution côtière
- Pourquoi l’évolution du littoral est si différente d’un site à l’autre ? La dynamique du littoral est liée à de nombreux facteurs et notamment la relation entre la plage (estran) et l’avant-plage (constamment submergée).
- M. Héquette cite l’exemple de la baie de Wissant où le banc à la ligne semble jouer un rôle important dans la modification du trait de côte depuis les dernières décennies (Héquette et Aernouts, 2006).
- Les ouvrages portuaires disséminés sur le linéaire de la côte d’Opale perturbent la circulation du sédiment dirigé vers le Nord (Cartier, 2011; Sipka, 1998). La poldérisation des estuaires ainsi que leur comblement n’arrange pas le phénomène.
- Les bancs pré littoraux jouent un rôle important dans l’évolution du trait de côte. Les exemples des ridens de Calais, avec l’accolement du banc à la plage et la création d’une plateforme gigantesque (Aubry, 2010).
- L’exemple du banc du Hills à l’Est de dunkerque est également présenté. Si les bancs ont un rôle protecteur à Wissant et à Calais, au droit de la dune Dewulf, les analyses montrent qu’ils ne jouent pas ce rôle. La dune recule dans ce secteur alors qu’à quelques kilomètres à l’Est, à Bray Dunes, la dune avance alors qu’aucun bancs ne situent en face de la plage. La reformation de la houle dans la passe Est serait à l’origine du recul à Dewulf et une faible pente favoriserait la dissipation de la houle en face de Bray dunes (Maspataud et al., 2013; Maspataud, 2011; Maspataud et al., 2010; Héquette et al., 2009)
- M. Héquette rappelle les évènements tragiques de Xynthia, les phénomènes de submersions marines ne sont pourtant pas inconnues (Tempêtes de 1949 et 1953).
- Des résultats issus de la thèse d’Adrien Crapoulet montrent le fort impact de la remontée du niveau marin sur les rives de la baie d’Authie, notamment au bois de sapin fortement touché.
- Quelles sont les solutions ? Digues ? Recul stratégique ?
- Nos amis hollandais optent pour des rechargements de plage systématique. 12 millions de mètres cubes par an sont refoulés sur leur littoral. Le Master Plan et le Zandmotor sont évoqués.
- La conférence s’achève sur le rechargement de la digue des Alliés qui témoigne d’une avancée des mentalités en terme de gestion des plages.
Les solutions douces semblent à l’heure actuelle plus adaptées à l’évolution de nos rivages. L’époque du tout béton est, espérons le, loin derrière nous.
Impact humain et évolution du trait de côte à Dunkerque : Analyse historique et rôle des tempêtes et surcotes sur les espaces dunaires
- M. Héquette nous présente ensuite une analyse de la position du trait de côte du Moyen âge à nos jours au niveau de Dunkerque. L’Homme a considérablement gagné sur la mer.
- L’impact de l’Homme sur l’environnement est considérable au cours du 20e siècle: 2e guerre mondiale, tourisme de masse etc. Nécessité de protéger les espaces dunaires.
- Comment à évolué le trait de côte depuis les années 60 . Ex: Sangatte (Aernouts, 2005). Des évolutions spatio-temporelles très marquées, certaines zones avancent, d’autres reculent.
- Quels sont les forçages responsables ? Ce sont les tempêtes qui sont responsables du recul du trait de côte et particulièrement lorsqu’elles sont corrélées à des surcotes.
- M. Héquette s’attarde sur le phénomène de surcote et notamment une analyse des pics de surcote en mer du Nord. Il apparaît que le pic de surcote survient en moyenne 2 à 3h après la pleine mer. Ce qui est plutôt rassurant pour nos côtes! (Wadey et al., 2014; Haigh et al., 2010).
- Les surcotes surviennent tout de même parfois avec violence (Cf. Xaver en décembre 2013)
LiDAR et bilans sédimentaires : Analyse de l’évolution du littoral de la Côte d’Opale et stratégies d’adaptation face à la montée des eaux
- Nécessiter de quantifier les bilans sédimentaires. Un nouvel outil est disponible depuis quelques années: le LiDAR. Cet appareil scanne littéralement l’ensemble du littoral et permet d’obtenir des données précises sur les volumes mis en jeu, et sur l’évolution du trait de côte.
- M. Héquette présente les résultats de travaux très récents issus de la thèse d’Adrien Crapoulet qui a réalisé les bilans sédimentaires de l’ensemble de la Côte d’Opale (Crapoulet et al., 2014a; Crapoulet et al., 2014b). L’exemple de la baie de Wissant et son évolution entre 2008 et 2014 est présenté.
- L’analyse de la relation entre le volume de sable dans la dune, sur le haut de plage et les variations de la position du trait de côte montre qu’en baie de Wissant, une largeur de haut de plage de 21 m ou un volume de 12 m3/mètre linéaire serait suffisant pour empêcher un recul significatif. Résultats très intéressants pour l’aménagement des plages au quotidien (Crapoulet et Héquette, 2015, sous presse).
- Qu’en-est-il de l’avenir ?La remontée du niveau marin semble inexorable. Comment y faire face ?