Contexte
Depuis plusieurs mois, la situation au niveau de la plage située devant le front de mer de Merlimont se dégrade. En effet, le niveau de la plage au contact avec le perré s’est abaissé de plus de 1,5m.
En Avril 2014, le système Ecoplage avait été installé dans le but de contrer l’érosion de la plage. Procédé éprouvé et qui a fait ses preuves sur d’autres plages, un suivi morphosédimentaire de 4 ans a été commandé par la CCMTO à Géodunes (associé à l’ULCO) afin d’évaluer, entre autre, l’efficacité de ce système.
Les relevés topographiques ont débuté en Mars 2015, puis se sont poursuivis en Septembre 2015, et Mars 2016, à hauteur de 2 relevés par an (fin de l’hiver et fin de l’été). Un relevé topographique d’urgence avait été réalisé suite aux coups de vent de Janvier 2016 afin d’évaluer la perte de sédiment. Une réunion avec les gestionnaires et les services de l’État avaient suivi pour statuer sur l’efficacité du système et les mesures à conduire.
Ecoplage: efficace ou pas?
Les résultats de nos analyses suite a la première année de suivi (Mars 2015 – Septembre 2015) avait montré l’efficacité du système. Bien que les plages gagnent naturellement du sédiment en été, le secteur où le système Ecoplage est installé a gagné plus de sable qu’au Nord ou au Sud.
Le système fonctionne, mais pourquoi une telle érosion cette année ?
« Notre Plage est en danger! »
« (…) S’il est difficile de lutter contre les événements naturels, le temps joue aussi contre la plage de Merlimont. « Le 18 avril nous allons débuter des travaux d’urgence (ndlr : il est prévu de le refaire intégralement en 2017 en pente douce vers la mer. »
« Pour l’instant nous avons le système Eco-Plage et malgré tout ce que l’on peut entendre heureusement qu’il est là. Mais ce système ne fonctionne que lorsque la météo est calme et il n’est pas suffisant. Il faudra d’autres techniques complémentaires comme des pièges à sable ou une construction comme un épis rocheux au nord de la plage », dit Mary Bonvoisin. »
Le Journal de Montreuil
Pourquoi un niveau si bas?
Le système Ecoplage est une solution douce qui permet à la plage de se reconstruire plus vite que naturellement (on appelle ça la résilience). Entre deux périodes érosives, la plage se reconstruit et le système va permettre au sable de se déposer plus rapidement. Seulement, il faut un certains temps pour obtenir un stock de sable suffisamment important pour pouvoir absorber l’énergie des coups de vents et des tempêtes.
La situation de Merlimont ne favorise pas la captation du sédiment pour plusieurs raisons:
- une position située en avant de l’orientation générale du trait de côte qui a pour effet de concentrer l’énergie de la houle sur ce point « dur »;
- un front de mer extrêmement réflectif qui engendre des affouillements très importants et une forte remise en suspension du sable ;
- la succession de coup de vents plus ou moins forts et rapprochés dans le temps ne permettant pas à la plage de se reconstruire efficacement, le tout associé à une fréquence plus élevée de hauts niveaux d’eau ces deux dernières années.
Plus de hauts niveaux d’eau ?
Ce sont en effet, les hauts niveaux qui vont conditionner l’évolution du trait de côte. Or, et si l’on s’intéresse uniquement aux coefficients de marée, on remarque que depuis 2012, le nombre de marées par année ayant de forts coefficients est plus important en 2015 et 2016 que pour les années précédentes. Si la fréquence de ces forts coefficients augmente, le risque qu’un coup de vent ou une tempête surviennent au même moment est donc plus élevé, l’érosion peut être accentuée.
Les tempêtes et les événements exceptionnels marquent très facilement les esprits, on se souvient tous de Xynthia, ou Xaver. Si ces phénomènes ont fortement impacté le littoral du Nord Pas-de-Calais, les coups de vent de faible intensité sont tout aussi néfastes dans plusieurs cas de figures:
- événements rapprochés dans le temps ;
- la durée d’action de ces coups de vents.
Un coup de vent de faible intensité aura un impact plus important s’il dure 3 jours qu’un fort coup de vent de quelques heures!!!
Sur le secteur de Merlimont, il est nécessaire d’obtenir un stock de sable suffisamment important pour que la mer n’atteigne pas l’ouvrage. En effet, dès que la marée atteint le front de mer, l’érosion est beaucoup plus importante, en raison de l’affouillement, la reconstruction de la plage est par conséquent beaucoup plus longue. En effet, le niveau étant plus bas, la mer atteint l’ouvrage plus souvent et ainsi de suite… Les dégradations observées résultent de cet enchaînement de phénomène.
Il n’y a qu’à Merlimont que le sable disparaît…
Faux ! La dynamique littorale est bien plus complexe que ça, certaines zones reculent, d’autres avancent. Concernant la façade Manche et pour les conditions hivernales de 2016, beaucoup de secteur ont reculé ! Mais c’est moins impressionnant devant un cordon dunaire que devant un front de mer démantelé… La situation est d’autant plus dégradée à Merlimont en raison des phénomènes évoqués précédemment.
Mais que faire alors?
Les gestionnaires du littoral et les services de l’État sont en train de trouver des solutions (voir coupures de presse). D’une part, le front de mer sera refait de manière à mieux dissiper l’énergie de la houle. D’autres part, des mesures d’accompagnement de gestion du système Ecoplage seront également réalisées. Elles se traduiront notamment par l’installation de ganivelles permettant d’accélérer le piégeage éolien (sable transporté par le vent).
Des études techniques seront vraisemblablement réalisées afin de définir les aménagements les mieux adaptés pour le secteur.
Commentaire photos
Ces deux clichés successifs illustrent la nécessité d’avoir un niveau de plage élevé afin d’éviter une trop forte érosion. Seulement deux jours séparent ces deux photos prises lors de coefficients de seulement 90 à 100. Le niveau étant plus bas que le niveau de la marée, l’eau atteint l’ouvrage et provoque une érosion intense bien que les conditions météorologiques aient été relativement calmes. Un stock suffisamment important permettrait d’absorber ces niveaux d’eau relativement fréquents.
L’érosion va-t-elle continuer, s’accentuer ?
Tout dépendra des conditions météo-marines. Généralement, la période estivale est propice à l’engraissement des plages. Grâce au système Ecoplage, cet engraissement sera normalement accéléré, encore faut-il que les conditions soient extrêmement calmes car le niveau de la plage actuelle suggère que la mer atteint l’ouvrage encore trop fréquemment.
Géodunes interviendra en Octobre 2016 afin de faire le bilan du suivi de la plage depuis Mars 2015 et également à partir de données récoltées en 2011.